Envoi de poèmes Thierry CABOT
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14112010
Envoi de poèmes Thierry CABOT
Nous attendons
Nous attendons, l’orgueil défait, l’espoir tenace,
Veufs chaque jour d’un idéal se morfondant
Que le monde revêche en tous lieux cadenasse,
Et qui s’agite en nous comme un poison ardent.
Nous attendons, chargés de vœux, maculés d’ombre,
A l’affût d’une étoile au regard dévasté,
Avec des chants ternis sous des failles sans nombre
Et les yeux revêtus d’un improbable été.
Nous attendons, mangés de nuit, troués d’absence,
Le cri dans le chaos, le feu dans l’essentiel,
Allant, exaspérés, de chute en renaissance,
Tantôt près de l’enfer et tantôt près du ciel.
Nous attendons, hallucinés d’une foi sauve,
Tout pleins de force neuve et de clairs abandons.
Malgré le temps, malgré la vie aux jeux de fauve,
Depuis longtemps… depuis toujours… nous attendons
Ce poème est né d'un constat : nous passons notre vie à attendre quelque
chose.
Les vagues de l’abîme
Les roulis de la joie ensoleillent les dunes.
Le sable qui palpite ourle l’océan pur.
Des goélands rieurs nés des blanches lagunes,
Fendent l’air infini de leurs ailes d’azur.
Sur les vagues, parmi l’écroulement des formes,
Le frisson d’une épaule éclot, délicieux,
Comme si l’onde même aux blonds ressacs énormes
Avait soudain voulu l’offrir à tous les yeux.
Puis un bras fin jaillit, puis une hanche trouble
Puis, envoûtante et lisse, une jambe en satin
Et, sortilège entier, dans une extase double,
Un visage inouï baigné d’un feu lointain.
La lumière plus molle enveloppe la rive.
Chaque homme à sa vue ose atteindre l’insensé.
Elle est belle, elle est jeune et pourtant, ô dérive !
Rôde au fond de son âme un au-delà glacé.
Ce poème est né d'une interrogation : pourquoi une jeune femme si jeune et
si belle est-elle hantée par le spectre de la mort ?
LES BEAUX HOMMES
Pendant qu’un mal hideux sur vos langues, pavoise
Et que vous arborez les haillons du néant,
L’éphémère à la bouche et la lèvre sournoise,
Veules comme des pleurs mangés par l’océan ;
Pendant que, sans répit, votre bile malsaine
Traîne, nauséabonde, une âme d’urinoir
Et que de la colère, idiots jusqu’à l’obscène,
Vous ne cessez jamais de vomir le sang noir ;
Pendant que sous l’œil froid des aveugles machines,
Tout à votre labeur insane et belliqueux,
Avec indignité, vous ployez vos échines
En salissant les murs de mensonges visqueux ;
Pendant que les yeux secs, la lippe larmoyante,
Entre faux catéchisme et confuses rancoeurs,
Du haut de votre Olympe à la haine aboyante,
Vous contemplez l’abîme où gargouillent vos cœurs ;
Pendant, pendant aussi que, monstrueux ou presque,
Ignobles dans un siècle affalé dans le pus,
Le rire chevauchant l’ambition grotesque
Et le ventre agité d’égoïsmes repus,
Oh ! pendant que remplis de la note suave
Du coassement laid des crapauds, tout à coup
Vous mettez à vous seuls, tout pleins de votre bave,
Le sordide au pinacle et le rêve à l’égout ;
Oui ! pendant que l’orgueil enflé par la sottise,
L’esprit dégoulinant jusqu’au fond des trottoirs,
Méchants à rendre folle une terre promise,
Consternants à changer les saints en dépotoirs,
Vieux paquets furieux autant que ridicules,
Jarret haut, babil vague et tendons chatouillés,
Vous écorchez le sol de vos pas minuscules
Comme si l’univers eût gémi sous vos pieds ;
Pendant que vos nez mous aux rictus affairistes
Hument, soir et matin, le fumet du magot,
Que déjà bouffis d’or dans des poulaillers tristes,
Vous allez caquetant pour soigner votre ego ;
Pendant… pendant qu’enfin, ô bouffons ! ô cloportes !
O pourceaux grimaçants ! ô doublures d’humains !
Tous traîtres à la vie allongée à vos portes,
Vous insultez le beau qui vous ouvre les mains ;
Une douleur me gifle, âcre, toujours la même,
Hérissée à ma joue inconsolablement,
Car ce qu’en vous je hais, je l’abhorre en moi-même,
Car je ne suis pas moins infâme ni dément.
Ah ! c’est mon cœur entier que ce tableau fouette !
Au fracas de nos cris ! aux coups de nos jeux bas !
A la fureur desquels l’existence muette
Se blesse chaque jour de stériles combats.
Je vois s’époumoner cent défaites livides,
J’entends hurler notre âme orpheline et sans Dieu,
Je frissonne devant nos cathédrales vides,
Plus pâle qu’un remords, plus glacé qu’un adieu.
Sur moi roulent ensemble et les loups et les fauves
Enragés à ma perte, éblouis de ma peur,
Et je tremble aux périls des solitudes fauves
Dont l’image sanglote avec fièvre et stupeur.
Je suis vos abandons, je suis vos faces mortes,
Je suis l’appel terrible écrasé par le fer,
Je suis vos mots sanglés en de viles cohortes,
Qui, dans leur paradis, ne parlent que d’enfer.
Comme vous, comme vous, ô débâcle ! ô déroute !
J’ai gardé le poison d’un regret plein d’effroi,
Puis sur ma lèvre hélas ! parmi l’ombre et le doute,
La même question douloureuse : « pourquoi ? »
Oh ! pourquoi ? nous avions le monde à nos fenêtres ;
L’espace nous comblait du rire de l’éveil ;
L’azur amoncelait des étoiles champêtres
Et des ravissements de houle et de soleil ;
Les jours mélodieux fusaient tels des dimanches ;
Chaque heure, chaque instant nous voulait plus épris ;
L’amour jetait au loin de longues routes blanches
Couvertes de parfums et de baisers fleuris ;
Nous étions conviés à de splendides messes
Où les orgues du ciel filaient leurs sons joyeux ;
Le matin agitait ses cloches, ses promesses,
Comme un beau livre nu palpitant sous nos yeux ;
Dans une farandole élevée autour d’elle,
La vie étincelante acclamait le divin ;
Le temps semblait pareil à quelque frisson d’aile
Célébrant en secret des poèmes sans fin ;
O nous étions choisis pour une neuve histoire !
L’avenir subjugué faisait frémir nos voix ;
L’espérance à grands flots hâtait notre victoire
Avec des élans fiers et soyeux à la fois ;
Et, musique infinie au chevet de nos âmes,
Tous les dons soulevés en mille gerbes d’or,
Déployaient leurs longs cris plus doux que des sésames,
De l’aurore vibrante à la nuit qui s’endort…
Mais quoi ! mais quoi ! tout n’est soudain qu’un mauvais rêve !
Le commun foule aux pieds mes chimères d’enfant !
Puis cette vision magnifique s’achève
Par un vide cruel dont nul ne me défend !
L’horizon devant moi se disloque et se fane ;
Je retrouve bientôt mon pain lavé d’ennui
Et les lâches travaux et la fange profane
Que dévore sans cesse un inutile bruit.
Ah ! mon Dieu ! nous pouvions du moins vivre en beaux hommes,
Nos destins méconnus si vite clairsemés.
Un regard nous eût faits meilleurs que nous ne sommes,
Nous pouvions être ceux que le bien eût aimés,
Et demeurer un peu, malgré tant d’aubes grises,
L’adorable angelot qui, dans son berceau clair,
De ses doigts potelés sème des fleurs exquises
En souriant aux mots éparpillés dans l’air.
Ce poème est né d'une révolte : l'homme, si riche d'amour, ne devrait pas
cultiver la haine.
http://librairie.immateriel.fr/fr/ebook/9782923916309/la-blessure-des-motsNous attendons, l’orgueil défait, l’espoir tenace,
Veufs chaque jour d’un idéal se morfondant
Que le monde revêche en tous lieux cadenasse,
Et qui s’agite en nous comme un poison ardent.
Nous attendons, chargés de vœux, maculés d’ombre,
A l’affût d’une étoile au regard dévasté,
Avec des chants ternis sous des failles sans nombre
Et les yeux revêtus d’un improbable été.
Nous attendons, mangés de nuit, troués d’absence,
Le cri dans le chaos, le feu dans l’essentiel,
Allant, exaspérés, de chute en renaissance,
Tantôt près de l’enfer et tantôt près du ciel.
Nous attendons, hallucinés d’une foi sauve,
Tout pleins de force neuve et de clairs abandons.
Malgré le temps, malgré la vie aux jeux de fauve,
Depuis longtemps… depuis toujours… nous attendons
Ce poème est né d'un constat : nous passons notre vie à attendre quelque
chose.
Les vagues de l’abîme
Les roulis de la joie ensoleillent les dunes.
Le sable qui palpite ourle l’océan pur.
Des goélands rieurs nés des blanches lagunes,
Fendent l’air infini de leurs ailes d’azur.
Sur les vagues, parmi l’écroulement des formes,
Le frisson d’une épaule éclot, délicieux,
Comme si l’onde même aux blonds ressacs énormes
Avait soudain voulu l’offrir à tous les yeux.
Puis un bras fin jaillit, puis une hanche trouble
Puis, envoûtante et lisse, une jambe en satin
Et, sortilège entier, dans une extase double,
Un visage inouï baigné d’un feu lointain.
La lumière plus molle enveloppe la rive.
Chaque homme à sa vue ose atteindre l’insensé.
Elle est belle, elle est jeune et pourtant, ô dérive !
Rôde au fond de son âme un au-delà glacé.
Ce poème est né d'une interrogation : pourquoi une jeune femme si jeune et
si belle est-elle hantée par le spectre de la mort ?
LES BEAUX HOMMES
Pendant qu’un mal hideux sur vos langues, pavoise
Et que vous arborez les haillons du néant,
L’éphémère à la bouche et la lèvre sournoise,
Veules comme des pleurs mangés par l’océan ;
Pendant que, sans répit, votre bile malsaine
Traîne, nauséabonde, une âme d’urinoir
Et que de la colère, idiots jusqu’à l’obscène,
Vous ne cessez jamais de vomir le sang noir ;
Pendant que sous l’œil froid des aveugles machines,
Tout à votre labeur insane et belliqueux,
Avec indignité, vous ployez vos échines
En salissant les murs de mensonges visqueux ;
Pendant que les yeux secs, la lippe larmoyante,
Entre faux catéchisme et confuses rancoeurs,
Du haut de votre Olympe à la haine aboyante,
Vous contemplez l’abîme où gargouillent vos cœurs ;
Pendant, pendant aussi que, monstrueux ou presque,
Ignobles dans un siècle affalé dans le pus,
Le rire chevauchant l’ambition grotesque
Et le ventre agité d’égoïsmes repus,
Oh ! pendant que remplis de la note suave
Du coassement laid des crapauds, tout à coup
Vous mettez à vous seuls, tout pleins de votre bave,
Le sordide au pinacle et le rêve à l’égout ;
Oui ! pendant que l’orgueil enflé par la sottise,
L’esprit dégoulinant jusqu’au fond des trottoirs,
Méchants à rendre folle une terre promise,
Consternants à changer les saints en dépotoirs,
Vieux paquets furieux autant que ridicules,
Jarret haut, babil vague et tendons chatouillés,
Vous écorchez le sol de vos pas minuscules
Comme si l’univers eût gémi sous vos pieds ;
Pendant que vos nez mous aux rictus affairistes
Hument, soir et matin, le fumet du magot,
Que déjà bouffis d’or dans des poulaillers tristes,
Vous allez caquetant pour soigner votre ego ;
Pendant… pendant qu’enfin, ô bouffons ! ô cloportes !
O pourceaux grimaçants ! ô doublures d’humains !
Tous traîtres à la vie allongée à vos portes,
Vous insultez le beau qui vous ouvre les mains ;
Une douleur me gifle, âcre, toujours la même,
Hérissée à ma joue inconsolablement,
Car ce qu’en vous je hais, je l’abhorre en moi-même,
Car je ne suis pas moins infâme ni dément.
Ah ! c’est mon cœur entier que ce tableau fouette !
Au fracas de nos cris ! aux coups de nos jeux bas !
A la fureur desquels l’existence muette
Se blesse chaque jour de stériles combats.
Je vois s’époumoner cent défaites livides,
J’entends hurler notre âme orpheline et sans Dieu,
Je frissonne devant nos cathédrales vides,
Plus pâle qu’un remords, plus glacé qu’un adieu.
Sur moi roulent ensemble et les loups et les fauves
Enragés à ma perte, éblouis de ma peur,
Et je tremble aux périls des solitudes fauves
Dont l’image sanglote avec fièvre et stupeur.
Je suis vos abandons, je suis vos faces mortes,
Je suis l’appel terrible écrasé par le fer,
Je suis vos mots sanglés en de viles cohortes,
Qui, dans leur paradis, ne parlent que d’enfer.
Comme vous, comme vous, ô débâcle ! ô déroute !
J’ai gardé le poison d’un regret plein d’effroi,
Puis sur ma lèvre hélas ! parmi l’ombre et le doute,
La même question douloureuse : « pourquoi ? »
Oh ! pourquoi ? nous avions le monde à nos fenêtres ;
L’espace nous comblait du rire de l’éveil ;
L’azur amoncelait des étoiles champêtres
Et des ravissements de houle et de soleil ;
Les jours mélodieux fusaient tels des dimanches ;
Chaque heure, chaque instant nous voulait plus épris ;
L’amour jetait au loin de longues routes blanches
Couvertes de parfums et de baisers fleuris ;
Nous étions conviés à de splendides messes
Où les orgues du ciel filaient leurs sons joyeux ;
Le matin agitait ses cloches, ses promesses,
Comme un beau livre nu palpitant sous nos yeux ;
Dans une farandole élevée autour d’elle,
La vie étincelante acclamait le divin ;
Le temps semblait pareil à quelque frisson d’aile
Célébrant en secret des poèmes sans fin ;
O nous étions choisis pour une neuve histoire !
L’avenir subjugué faisait frémir nos voix ;
L’espérance à grands flots hâtait notre victoire
Avec des élans fiers et soyeux à la fois ;
Et, musique infinie au chevet de nos âmes,
Tous les dons soulevés en mille gerbes d’or,
Déployaient leurs longs cris plus doux que des sésames,
De l’aurore vibrante à la nuit qui s’endort…
Mais quoi ! mais quoi ! tout n’est soudain qu’un mauvais rêve !
Le commun foule aux pieds mes chimères d’enfant !
Puis cette vision magnifique s’achève
Par un vide cruel dont nul ne me défend !
L’horizon devant moi se disloque et se fane ;
Je retrouve bientôt mon pain lavé d’ennui
Et les lâches travaux et la fange profane
Que dévore sans cesse un inutile bruit.
Ah ! mon Dieu ! nous pouvions du moins vivre en beaux hommes,
Nos destins méconnus si vite clairsemés.
Un regard nous eût faits meilleurs que nous ne sommes,
Nous pouvions être ceux que le bien eût aimés,
Et demeurer un peu, malgré tant d’aubes grises,
L’adorable angelot qui, dans son berceau clair,
De ses doigts potelés sème des fleurs exquises
En souriant aux mots éparpillés dans l’air.
Ce poème est né d'une révolte : l'homme, si riche d'amour, ne devrait pas
cultiver la haine.
Envoi de poèmes Thierry CABOT :: Commentaires
Tout est parfait, Driss.
Mille fois merci.
Bien amicalement.
A bientôt.
Thierry
Mille fois merci.
Bien amicalement.
A bientôt.
Thierry
Thierry Bonjour
Ton joli poème "Nous attendons"
Je lai perçue comme étant "Espoirs"
Ton joli poème "Nous attendons"
Je lai perçue comme étant "Espoirs"
Bonsoir Forami,
Quelqu'un de célèbre a dit : "la vie est une éternelle attente".
Cela signifie sans doute que la vie est également un éternel espoir.
A bientôt.
Thierry
Quelqu'un de célèbre a dit : "la vie est une éternelle attente".
Cela signifie sans doute que la vie est également un éternel espoir.
A bientôt.
Thierry
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